Le film qui n’aurait jamais dû voir le jour…

J’ai récemment vu le film “One more time with feeling” réalisé à l’occasion de la sortie du dernier album de Nick Cave, Skeleton tree.

Dominique Issermann

Nick Cave est un auteur compositeur qui occupe une place à part sur la scène musicale mondiale et dans mon panthéon culturel.

Rocker brut et punk à ses débuts avec le groupe Birthday Party, il est devenu un compositeur et auteur unique (parfois crooner) qui distille une poésie noire riche en images bibliques et amours compliqués.

J’ai eu la chance de le voir régulièrement en concert et je l’ai même croisé à Londres une fois, souvenir incroyable d’ailleurs.

“One more time with feeling” n’est pas, bien évidemment, un “rockumentaire » comme les autres….

La famille Cave a été frappée par un immense drame : la mort accidentelle, le 14 juillet 2015, de leur fils Arthur Cave à 15 ans. Si ce film est une véritable épreuve pour l’artiste et ses musiciens, il l’est aussi pour le spectateur qui se retrouve projeté dans un spectacle inédit et en 3D.

Dominique Issermann

Le film peut se voir et se comprendre à plusieurs niveaux.

Au début on observe l’artiste en proie à des doutes immenses, il pense avoir perdu sa voix, doute sur les accords, sur la valeur de ses textes et leur composition.

Puis les mots sortent sans jamais tomber dans le pathos ni dans les émotions trop faciles. Cave avoue qu’il ne pourra jamais enfermer ce drame dans une œuvre parfaite, que cela serait finalement trop facile.

Nick Cave ne prend aucun artifice et livre son visage marqué par la tristesse aux spectateurs.

Le film, d’une beauté inouïe, montre la force d’un couple soudé mais ébranlé qui affronte la perte en créant : lui en composant, avec son groupe The Bad Seeds, un nouvel album elle, l’épouse, la délicate Susie (ancien mannequin) en devenant créatrice de robes, le frère jumeau d’Arthur, Earl en souriant et photographiant le caméraman.

Les images en 3D gênent au début puis prennent leur valeur ajoutée, nous errons ainsi entre rêve et réalité, entre Eros et Thanatos.

One more time with feeling est une épreuve unique, une leçon de vie, poétique et puissante.

La déclaration du couple Cave à la fin m’a totalement ébranlée.

“At the end Susie and I decided to be happy. It seemed like an act of revenge, of defiance, to care for each other and the ones around us”.

L’album Skeleton Tree est disponible ici.

 

 

 

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