Cécile Chaban et Alice Oriane Cordier : deux Françaises impliquées dans la lutte contre les violences faites aux femmes

Les permanences d’élue sont utiles ! La preuve l’an dernier, j’y ai rencontré deux formidables Françaises des Pays-Bas : Cécile Chaban et Alice Oriane Cordier. Elles avaient un objectif : mettre le sujet des violences faites aux femmes sur la table et y sensibiliser notre communauté. A la suite de ce rendez-vous, je les ai présentées à la consule, Marie Philippe. Depuis, ce sujet est une priorité indéniable. Alors que le 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, approche, il était grand temps de m’entretenir avec elles.

Cécile et Alice Oriane pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Cécile Chaban :

J’ai tenté l’aventure de venir vivre aux Pays-Bas il y a 10 ans. J’y ai rejoint mon mari néerlandais. Nous avons deux filles qui semblent bien s’épanouir entre leurs deux cultures. Côté professionnel, même si j’ai eu plusieurs expériences dans différents domaines, le fil rouge reste la relation d’aide. J’ai ressenti un besoin très fort de travailler dans ma langue sur deux thématiques qui m’ont  toujours animée : la relation et le couple. Je me suis donc relancée dans une formation il y a quelques années pour devenir Conseillère Conjugale. J’accompagne des francophones qui vivent aussi bien en France qu’à l’étranger et qui se questionnent sur leur vie affective, leur couple… . J’adore mon métier qui prend différentes formes grâce aussi à Internet !  

Alice Oriane Cordier

Je suis arrivée aux Pays-Bas il y a 8 ans, conjointe d’expatrié les huit années précédentes . Dans ma pratique ostéopathique j’ai malheureusement eu trop souvent l’occasion de rencontrer des conjointes d’expatriés en grande difficulté .Puis lors de notre troisième installation, je me suis rendu compte que j’étais dans la même situation que ces femmes. Et là, avec des enfants, c’est le parcours du combattant. 

Pourquoi vous impliquer dans cette problématique ?

Cécile Chaban

Pour moi cela vient de deux choses. J’ai tout d’abord souvent travaillé autour de cette problématique lorsque j’étais assistante sociale. J’ai toujours été touchée par la force et le courage de ces femmes qui devaient à chaque fois franchir des montagnes énormes pour s’en sortir, retrouver espoir et confiance. D’autre part, on se rend compte que très souvent dans notre entourage (pro/perso), on connaît une personne qui se trouve dans ce type de situations. Cela est venu renforcer le fait que les violences conjugales n’ont ni frontières géographiques, ni sociologiques et encore moins économiques.  

Au travers de nos expériences professionnelles et personnelles, nous savons qu’il est important pour les victimes d’accéder à une écoute et à un accompagnement professionnel adaptés à leurs situations si particulières.  Aujourd’hui, une femme expatriée va se trouver dans une grande vulnérabilité avec un isolement important. L’accès aux droits et aux soins dans sa langue sera très difficile, voire impossible. C’est pour nous compliqué de faire comme si tout cela n’existait pas. Ruminer dans son coin a aussi ses limites, mettre en commun nos idées, nos compétences et nos espoirs nous paraît plus porteur même si ce n’est pas simple.  

Alice Oriane Cordier

Une fois qu’on a parcouru ce chemin, on a souvent envie de l’éviter (prévention) ou le faciliter -quand  la situation n’est plus réparable – à d’autres. 

Et puis les idéaux retombent et on se rend compte qu’on est très mal équipée, même quand on a vécu cette situation et que l’on est soi-même professionnel de santé. 

Quelles sont les actions que vous avez déjà faites et celles encore à mener ?

Cécile et Alice Oriane

Tout d’abord nous avons regardé ce qui existait depuis la France mais à ce jour nous n’avons trouvé aucun organisme prenant en compte les  particularités liées à expatriation. Ensuite, nous nous sommes rapprochées de différentes structures aux Etats-Unis, en Italie, à Singapour mais les actions restent ponctuelles et sans coordination.  

Aux Pays-Bas, nous avons la chance d’avoir des personnes sensibles à la cause ce qui a notamment pu être visible lorsque nous t’avons sollicitée et que le Webinaire dédié a pu être proposé par la Consule en décembre 2020. Mais cela est selon nous encore insuffisant.  

Après ce webinaire, nous avons pris le temps de la réflexion et il nous est apparu essentiel de passer par les points suivants avant d’envisager la création d’une cellule d’écoute.    

  • Sensibiliser, faire de la prévention auprès de nos compatriotes français mais aussi auprès des acteurs de la vie francophone aux Pays-Bas, susceptibles d’être en contact avec ces femmes ou les enfants aussi victimes directes ou collatérales. 
  • Apporter une réponse (en français) claire et adaptée lorsque l’on suppose qu’une femme est victime de violences conjugales.
  • Pouvoir orienter vers les professionnels formés/sensibilisés à cette problématique qui nécessite  un accompagnement particulier.  

Nous avons donc fait appel aux francophones des Pays-Bas via les réseaux sociaux pour nous aider bénévolement sur les parties : gestion dans ce type de projets, communication, création d’un réseau de professionnels. 

Un contact a été pris avec un certains nombres de psychologues francophones exerçant aux Pays-Bas.

Un grand intérêt a été partagé.  

Deux tables rondes se sont tenues avec les volontaires pour mieux expliquer le projet, répondre aux questions et voir comment nous pourrions avancer ensemble.  

À partir de là, il est apparu nécessaire de définir un cadre plus clair. Nous  avons donc élaboré une Charte avec l’appui de juristes et un noyau dur de bénévoles se réunira début novembre pour clarifier les objectifs et prochaines actions à mettre en place (en externe mais aussi avec les différents groupes de travail de bénévoles en fonction de leur champ de compétences).  

On va certainement moins « vite » que ce que l’on voudrait, mais cela nous semble aujourd’hui plus réaliste et cohérent avec ce qui existe aujourd’hui.  

Nous sommes heureuses de voir cette mobilisation concrète de personnes qui se portent volontaires pour nous accompagner dans ce projet. Nous constatons que toutes les fois où ce sujet est abordé, des témoignages nous arrivent. Cela vient renforcer notre conviction que ce projet est utile même si nous  aurions préféré intégrer un projet déjà existant à plus grande échelle pour tous les francophones expatriés hors de France. Cela n’existe malheureusement pas donc si nous pouvons aux Pays-Bas être un jour un exemple pour les autres pays alors la mission sera plus que remplie !      

Comment faire pour vous aider ?

Cécile et Alice Oriane

  • Ne pas dire que ces situations n’existent pas car les expatriés sont des « privilégiés », ne pas juger les victimes 
  • Nous permettre de pouvoir faire de la prévention lorsque nos outils seront aboutis 
  • Nous contacter si vous avez du temps et des aptitudes dans la communication/création de supports etc..  
  •  Nous communiquer les coordonnés de professionnels de santé et du droit (parlant le français), sensibles à la cause et qui accepteraient ponctuellement d’informer-écouter-orienter gratuitement pour la création du réseau de professionnels.  

Le mot de la fin !

Cécile et Alice Oriane

Plus on en parlera, moins on jugera, mieux on orientera et accompagnera. Moins de femmes et enfants souffriront car derrière les sourires de certaines femmes expatriées se cachent bien des souffrances.  

Lever le tabou qui entoure les violences familiales dans un contexte social considéré comme privilégié permettra aux victimes de reconnaître le côté anormal de leur situation, de s’en ouvrir auprès de personnes mieux aptes à les écouter. 

Merci Hélène de mettre en lumière ce projet mais surtout de donner l’occasion de parler du parcours complexe de ces femmes qui sont loin d’être faibles et manquer de courage.  

Merci Cécile !

Cécile Chaban

Pour mieux connaitre Cécile, vous pouvez consulter Facebook, Instagram et LinkedIn.

Merci Alice Oriane

Alice Oriane Cordier

Pour mieux connaitre Alice Oriane, consultez Alice Cordier, osteopathy for the singer, the danser, the executive manager

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